La semaine dernière, Fabienne (nom d’emprunt pour une amie véritable), qui est très engagée bénévolement, me racontait sa dernière activité. Son récit était parsemé d’informations contradictoires, de tensions, de fatigue et de lassitude. Cela fait plusieurs années qu’elle s’investit pour cette association et qu’elle m’en parle régulièrement. Cette fois, dans sa voix moins d’enthousiasme, même une pointe d’agacement, une once de colère, un tantinet de découragement pour cette activité qui pourtant la fait vibrer.

A la fin de son récit, m’appuyant sur mes expériences similaires et sur mes compétences, je lui fais part de mon avis sur le manque de structure l’association et des répercussions pour les personnes qui la constituent. En effet, le comité ne souhaitant pas donner de cadre à une activité bénévole, afin d’en préserver son caractère récréatif, demande à ses équipes de participer à un jeu sans en connaitre les règles. Cela demande donc, à Fabienne, une grande énergie pour évoluer dans un contexte confus et elle doit faire face à des informations contradictoires. Dans ces conditions, les efforts qu’elle déploie pour accomplir la tâche qu’elle a dû elle-même définir sont si importants qu’elle en retire peu de plaisir. Rappelons-nous que l’action est le premier signe de reconnaissance* dont jouissent les bénévoles. C’est pourquoi, ce flou a un impact direct sur la motivation de Fabienne à renouveler son engagement pour la prochaine activité de l’association. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à se lasser de cette situation puisqu’un grand nombre de ses amis au sein de l’association a déjà démissionné. Les relations qu’elle y a actuellement ne sont pas, à ses yeux, une raison suffisante pour persévérer. Fabienne se demande si elle ne ferait pas mieux de donner son temps, ses compétences et son énergie à un autre organisme.

L’exemple de Fabienne illustre bien qu’à force d’avoir l’impression de gaspiller leur énergie pour comprendre et se positionner dans l’organisation, les bénévoles perdent tout intérêt voire développent une certaine déception face à cette entité. L’association est donc confrontée à un renouvellement récurrent de ses membres peinant ainsi à se stabiliser car elle doit se réinventer chaque changement humain. A ce stade, l’organisation aurait besoin d’identifier et de communiquer une structure claire et des attentes précises pour que les bénévoles puissent s’épanouir dans une tâche qui retrouverait son attrait.

** Le bonheur comme moteur d’action